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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 11:39

 

Sept points sur la Libye

 

Domenico Losurdo

 

Désormais même les aveugles peuvent être en mesure de voir et de comprendre ce qui est en train d’arriver en Libye :

  1. C’est une guerre promue et déclanchée par l’OTAN qui est en cours. Cette vérité finit par filtrer sur les organes mêmes d’ « information » bourgeoise.  Sur La Stampa  du 25 août, Lucia Annunziata écrit : c’est une guerre « entièrement "extérieure", c’est-à-dire faite par les forces de l’OTAN » ; c’est « le système occidental, qui a promu la guerre contre Kadhafi ». Une vignette de l’International Herald Tribune du 24 août nous montre des « rebelles » qui exultent, mais ils sont commodément installés sur un avion qui porte l’écusson de l’OTAN.
  2. Il s’agit d’une guerre préparée depuis longtemps. Le Sunday Mirror du 20 mars a révélé que déjà « trois semaines » avant la résolution de l’ONU étaient à l’œuvre en Libye des « centaines » de soldats britanniques, encadrés dans un des corps militaires  les plus sophistiqués et les plus redoutés du monde (SAS). Des révélations ou admissions analogues peuvent être lues sur l’International Herald Tribune du 31 mars, à propos de la présence de « petits groupes de la Cia » et d’une « ample force occidentale en action dans l’ombre », toujours « avant l’éclatement des hostilités le 19 mars ».
  3. Cette guerre n’a rien à voir avec la protection des droits humains. Dans l’article déjà cité, Lucia Annunziata observe avec angoisse : « L’OTAN qui a atteint la victoire n’est pas la même entité qui a lancé la guerre ». Entre temps, l’Occident est gravement affaibli par la crise économique ; réussira-t-il à garder le contrôle d’un continent qui, de plus en plus souvent, perçoit l’appel des « nations non occidentales » et en particulier de la Chine ? Par ailleurs, ce même quotidien qui présente l’article d’Annunziata, La Stampa, ouvre le 26 août sur un titre en pleine page : « Nouvelle Libye, défi Italie-France ». Pour ceux qui n’auraient pas encore compris de quel type de défi il s’agit, l’éditorial de Paolo Paroni (Duel de la dernière affaire) est clair : depuis le début des opérations guerrières, caractérisées par l’activisme frénétique de Sarkozy, « on a immédiatement compris que la guerre contre le Colonel allait se transformer en un conflit d’un autre type : guerre économique, avec un nouvel adversaire, l’Italie évidemment ».
  4. Voulue pour des motifs abjects, la guerre est menée de façon criminelle. Je me limite  seulement à quelques détails repris dans un quotidien au-dessus de tout soupçon. L’International Herald Tribune du 26 août, dans un article de K. Fahim et R. Gladstone, rapporte : « Dans un campement au centre de Tripoli ont été retrouvés les corps criblés de balles de plus de 30 combattants pro-Kadhafi.  Deux au moins étaient ligotés avec des liens en plastique, et ceci laisse penser qu’ils ont subi une exécution. Parmi ces morts, cinq ont été trouvés dans un hôpital de fortune ; l’un était sur une ambulance, étendu sur un brancard et ligoté par une ceinture et portant encore une perfusion intraveineuse dans le bras ».
  5.  Barbare comme toutes les guerres coloniales, la guerre actuelle contre la Libye démontre comment l’impérialisme se fait de plus en plus barbare. Dans le passé, innombrables ont été les tentatives de la Cia d’assassiner Fidel Castro, mais ces tentatives étaient conduites en secret, avec un sentiment si ce n’est de honte du moins de crainte des possibles réactions de l’opinion publique internationale. Aujourd’hui, par contre, assassiner Kadhafi ou d’autres  chefs d’Etat non appréciés à l’Occident est un droit ouvertement proclamé. Le Corriere della Sera du 26 août 2011 titre triomphalement : « Chasse à Kadhafi et à ses fils, maison par maison ». Tandis que j’écris, les Tornado britanniques, se prévalant aussi de la collaboration et des informations fournies par la France, s’emploient à bombarder Syrte et à exterminer l’entière famille de Kadhafi.
  6. Non moins barbare que la guerre a été la campagne de désinformation. Sans le moindre sentiment de pudeur, l’OTAN a martelé systématiquement le mensonge selon lequel ses opérations guerrières ne visaient qu’à la protection des civils ! Et la presse, la « libre » presse occidentale ? Elle a, à un moment, publié avec ostentation la « nouvelle » selon laquelle Kadhafi bourrait ses soldats de viagra de façon à ce qu’ils puissent plus facilement commettre des viols de masse. Cette « nouvelle » tombant rapidement dans le ridicule, voici alors une autre « nouvelle » selon laquelle les soldats libyens tirent sur les enfants. Aucune preuve n’est fournie, on ne trouve aucune référence à des dates et des lieux déterminés, aucun renvoi à telle ou telle source : l’important est de criminaliser l’ennemi à anéantir.
  7.   Mussolini en son temps présenta l’agression fasciste contre l’Ethiopie comme une campagne pour libérer ce pays de la plaie de l’esclavage ; aujourd’hui l’OTAN présente son agression contre la Libye comme une campagne pour la diffusion de la démocratie. En son temps Mussolini n’avait de cesse de tonner contre l’empereur éthiopien Hailé Sélassié comme « Négus des négriers » ; aujourd’hui l’OTAN exprime son mépris pour Kadhafi « le dictateur ». De même que la nature belliciste de l’impérialisme ne change pas, ainsi ses techniques de manipulation révèlent de significatifs éléments de continuité. Pour  clarifier qui exerce réellement aujourd’hui la dictature à niveau planétaire, plutôt que de citer Marx ou Lénine, je veux citer Emmanuel Kant. Dans un texte de 1798 (Le conflit des facultés), il écrit : « Qu’est-ce qu'un monarque absolu ? Celui qui, quand il commande : "la guerre doit être", la guerre suit en effet ». En argumentant de la sorte, Kant prenait pour cible, en particulier, l’Angleterre de son époque, sans se laisser tromper par les formes « libérales » de ce pays. C’est une leçon dont nous devons tirer profit : les « monarques absolus » de notre époque, les tyrans et dictateurs planétaires de notre époque siègent à Washington, à Bruxelles et dans les plus importantes capitales occidentales.

 

Publié vendredi 26 août 2011 sur le blog de l’auteur

http://domenicolosurdo.blogspot.com/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

 

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 09:42

 

Hommage à Jean – Claude Ponsin

 

C’est avec une profonde tristesse que nous apprenons le décès de notre camarade Jean-Claude Ponsin, survenu ce week-end à l’âge de 81 ans. Les obsèques de Jean-Claude Ponsin, qui a demandé à être incinéré, auront lieu jeudi 4 août, au cimetière du Père-Lachaise à Paris (rendez-vous à 15 heures, au crématorium).


Originaire du département du Gers, Jean-Claude était né dans une famille de militants communistes, internationalistes. Alors qu’il était encore un enfant, sous l’Occupation, sa mère avait par exemple, fait le choix de l’envoyer à l’école avec l’étoile jaune cousue sur son tricot, pour manifester sa solidarité avec les juifs persécutés.

Brillant élève, Jean-Claude Ponsin intégra la prestigieuse école Polytechnique, où il ne faisait pas bon, au tournant des années 1940, de s’afficher comme communiste, et il entama ensuite une carrière d’ingénieur : c’est en travaillant en Israël, où il s’était porté volontaire dans les années 1950, qu’il découvrit, derrière le mythe de la « construction du socialisme dans les kibboutz », la réalité de l’injustice faite au peuple palestinien.

Découverte qui déterminera tout son engagement, jusqu’aux derniers jours de sa vie, en faveur de la reconnaissance des droits du peuple palestinien, et en soutien à sa résistance.

Mettant son expertise d’ingénieur au profit d’autres peuples en lutte contre l’impérialisme –notamment à Cuba, où il travaillera trois années dans la décennie 1960 – Jean-Claude Ponsin changea ensuite d’orientation professionnelle, et poursuivit, avec succès, des études médicales, qui le virent exercer au service des plus vulnérables, dans le populaire 18ème arrondissement de Paris.

Et c’est en qualité de médecin qu’on le retrouvera en 1982, à Beyrouth, pendant le terrible siège de l’armée israélienne. CAPJPO-EuroPalestine avait eu l’honneur de compter Jean-Claude Ponsin parmi ses membres fondateurs. Lorsque notre association fut créée, début 2002, nous avons ainsi pu bénéficier, d’emblée, de l’expérience accumulée par ce militant admirable.

Jean-Claude a consacré les dernières années de son engagement en faveur de la Palestine à la mise sur pied, avec son complice du camp de réfugiés palestiniens d’Aïda (Bethléem) Abdelfattah Abou Srour, de la compagnie de théâtre Al-Rowwad, dont la dernière tournée en France vient d’ailleurs de s’achever.

Jean-Claude avait réussi ces dernières années, grâce à sa volonté inébranlable, à triompher d’un méchant cancer. Les circonstances de sa mort, suite à une intoxication par des champignons vénéneux, ne rendent sa disparition que plus douloureuse encore.

A son épouse Sylvie, à ses enfants et petits-enfants, à ses amis de l’association des amis du théâtre Al-Rowwad qu’il avait fondée, CAPJPO-EuroPalestine présente ses condoléances émues.



CAPJPO-EuroPalestine

 

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 11:56

Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

 

dimanche 17 juillet 2011

 

 

 

La direction du PCF s’est enfin publiquement dissociée des prises de position d’André Gerin sur l’immigration. Mieux vaut tard que jamais. Par son nationalisme, par sa campagne sur le thème de la burqa (menée aux côtés du député UMP Eric Raoult), par ses communiqués visant ceux qu’il appelle « les talibans » des quartiers populaires, par sa proposition d’expulser du territoire les délinquants « étrangers » et toute leur famille [1], par son opposition à une régularisation massive des travailleurs sans-papiers, le député de Vénissieux n’a cessé de stigmatiser les « étrangers » et la communauté musulmane. Ses nombreuses déclarations sur ces questions vont dans le sens de la propagande du Front National et d’autres mouvements racistes – qui n’ont pas manqué d’approuver et reprendre ses propos. Le 23 juin dernier, par exemple, le Front National de la Jeunesse publiait un article intitulé : Monsieur Gerin, on vous attend dans nos rangs.

 

L’association du PCF aux idées de l’extrême droite, par la voix d’un de ses députés, est totalement inacceptable. La direction du parti aurait dû réagir depuis longtemps. Car le problème ne date pas d’hier. Rappelons que dans son livre, Les Ghettos de la République, publié en 2006 et préfacé par Eric Raoult, André Gerin approuvait les propos de Jacques Chirac sur le prétendu parasitisme des familles d’origine étrangère. Il approuvait notamment la tristement célèbre formule sur « le bruit et l’odeur ».

 

Le calcul de Gerin est le même que celui de Chirac à l’époque. Convaincu que cette propagande « fait recette » sur le plan électoral, Gerin reprend à son compte des éléments du programme et de l’idéologie du Front National. Le député de Vénissieux assortit ces idées réactionnaires de critiques « de gauche » à l’encontre de la direction du PCF. Certes, la direction du parti est critiquable sur bien des points. Mais quand la critique se base sur des idées empreintes de nationalisme et de racisme, elle n’apporte rien de positif au parti.

 

Malheureusement, Gerin n’est pas le seul opposant à la direction du PCF qui reprenne à son compte certains aspects du programme du Front National. Emmanuel Dang Tran, le secrétaire de la section de Paris 15e, est dans le même cas. Au 34e Congrès du parti, en 2008, Gerin et Dang Tran ont présenté ensemble un texte alternatif. Et le 14 juin dernier, devant les caméras de France 3, Dang Tran affirmait que les militants du Front National « distribuent des tracts qui, à 80 % ou 85 %, défendent la position qu’on devrait défendre. »(ici). Quand un représentant du parti tient de tels propos à la télévision, il ne faut pas s’étonner si des travailleurs en déduisent que les communistes n’ont pas d’arguments sérieux à opposer au programme du Front National.

 

Parmi les positions du FN que le PCF devrait défendre, selon Dang Tran, il y a celle sur l’Union Européenne. En effet, sur cette question, Dang Tran (comme Gerin) reprend pratiquement mot pour mot la position du Front National, qui prône la « sortie de l’Union Européenne » – sur la base du capitalisme – et le retour au franc français.

 

Voici comment Dang Tran pose le problème de la monnaie, dans un texte publié le 28 mai dernier et intitulé Des dirigeants du PCF à la rescousse de l’euro ?  : « … les chroniqueurs Francis Wurtz et Jean-Christophe le Duigou dénoncent fermement toute revendication de "sortie de l’euro". En décembre dernier déjà, Pierre Laurent se prononçait pour une réorientation de la BCE mais s’exclamait à propos de l’euro : "ne bazardons pas l’instrument !". Il y a de quoi être étonné. Le PCF est l’organisation qui a le plus précisément depuis l’origine dénoncé et combattu l’Europe supranationale du capital. De l’Acte unique en 1986 au Traité d’Amsterdam en 1998, en passant bien sûr la grande campagne de 1992 contre Maastricht, nous avons avec force argumentation expliqué les dangers de la monnaie unique, l’arme supplémentaire qu’elle allait représenter pour les capitalistes européens contre les peuples.

 

Tout ce que nous avions annoncé et dénoncé se réalise. L’euro sert à aggraver la mise en concurrence des travailleurs des différents pays à la fois de la zone euro elle-même et de la périphérie. Il contribue à exacerber la xénophobie un peu partout en Europe. La monnaie unique encourage les délocalisations, favorise les secteurs capitalistes les plus puissants, compromet le développement des activités productives les plus faibles, pays par pays. L’euro, comme le démontre le "Pacte pour l’euro", est un instrument redoutable pour tirer les salaires, les acquis sociaux vers le bas, dans tous les pays, y compris l’Allemagne.

 

Le rapport de force que nous avons contribué à construire de façon déterminante contre l’UE du capital se retrouve, renforcé, contre l’euro aujourd’hui. Les 55% de NON au projet de "constitution" européenne, un vote de classe, ne se sont pas évaporés. Le lien entre la monnaie unique et la "vie chère", principalement l’insuffisance des salaires et des pensions par rapport à l’envolée de toutes les dépenses de base, est largement établi, même si c’est parfois de façon simpliste en apparence. L’euro comme instrument pour affamer les peuples au profit de la finance internationale est bien identifiable dans les crises grecque, portugaise ou irlandaise. Dans ces conditions, comment pouvons-nous, communistes, laisser la revendication de la sortie de l’euro au FN ? »

 

Des gens confus ne peuvent produire que de la confusion. La citation ci-dessus en est une parfaite illustration. Il part d’une idée juste pour arriver à une idée complètement fausse. Il est exact que tous les traités ayant contribué à construire l’Union Européenne étaient dans l’intérêt exclusif des capitalistes. Dans la période qui a précédé l’introduction de la monnaie unique, les partis et les médias capitalistes, avec le concours de la direction du PS, ont mené une puissante campagne de propagande pour faire croire aux travailleurs que le traité de Maastricht et la monnaie européenne allaient jeter les bases d’une période de stabilité et de croissance économique, dans une Europe « sociale » et harmonieuse. Mais en réalité, l’euro visait à protéger les intérêts des capitalistes – et surtout des plus puissants d’entre eux – en éliminant notamment les risques inhérents aux fluctuations monétaires sur le marché européen. Pour les travailleurs de France et de tous les autres pays concernés, la monnaie unique ne pouvait rien apporter de bon. Un simple changement monétaire de ce genre ne pouvait en aucun cas éradiquer, ni même atténuer les contradictions fondamentales du système capitaliste, contradictions qui généraient à l’époque – et génèrent encore – la surproduction, les récessions, le chômage de masse et la régression sociale. La propagande visant à faire croire le contraire était fausse et mensongère. Il fallait donc s’opposer au traité de Maastricht et à l’introduction de l’euro. Cependant, contrairement à ce qu’affirme Dang Tran (ou le Front National), et pour précisément les mêmes raisons, le rétablissement du franc français ne produirait aucune amélioration des conditions de vie des travailleurs. En acceptant cet aspect du programme du FN, Dang Tran commet la même erreur, dans le sens inverse, que ceux qui acceptaient la propagande destinée à promouvoir l’euro, à l’époque.

 

« Je réfute tout de suite, écrit Dang Tran, l’argument consistant à dire qu’aucune de nos propositions ne peut être assimilée au FN. Si nous avions raisonné comme cela, nous n’aurions pas combattu Maastricht ou le TCE. » Cet argument rate sa cible. Il serait bien évidemment idiot d’affirmer que le PCF ne doit en aucun cas avancer une revendication qui se trouverait dans l’arsenal d’un autre parti, fût-ce le Front National. Mais lorsque la revendication en question est un piège, lorsqu’elle est destinée à empoisonner la conscience des travailleurs en y injectant des idées fausses, comme c’est le cas pour la « sortie de l’euro », elle n’a pas sa place dans le programme du PCF. En outre, le taux de compatibilité entre les idées du communisme et celles du Front National n’est pas de 80 ou 85 %, mais de 0 %. Par exemple, il est vrai que le PCF et le FN faisaient tous deux campagne pour le « non » au Traité constitutionnel européen (TCE), en 2005. Mais derrière une même consigne de vote, il y avait deux positions politiques irréconciliables. Les militants communistes s’opposaient au caractère pro-capitaliste et réactionnaire du TCE, sans renoncer à leur internationalisme. Le Front National, lui, s’opposait au TCE sur la base d’une démagogie nationaliste, réactionnaire et pro-capitaliste. Les objectifs des communistes sont diamétralement opposés à ceux du FN – et non seulement sur la question européenne, mais sur toutes les questions. Lorsque Marine Le Pen affirme, par exemple, qu’elle est favorable à la retraite à 60 ans, il faut dénoncer le caractère purement démagogique et électoraliste d’une telle déclaration, dont le but est de tromper les électeurs et de masquer le vrai programme – archi-réactionnaire et pro-capitaliste – du Front National.

 

« Bien évidemment, poursuit le secrétaire du PCF Paris 15e, la fin de l’euro, le retour au franc ne signifient pas l’avènement du socialisme en France. J’en suis le premier conscient. Le pouvoir resterait dans les mains du capitalisme français. En Grande-Bretagne, la même politique d’austérité peut être menée par les socio-démocrates ou les conservateurs sans besoin de l’euro. » Là encore, Dang Tran passe à côté du problème. Certes, on ne saurait rejeter une revendication parce que sa réalisation laisserait intact le pouvoir des capitalistes. Par exemple, une augmentation des salaires ou la construction de logements sociaux ne met pas fin au système capitaliste, mais constitue une amélioration tangible des conditions de vie des travailleurs concernés. Cependant, nous chercherions en vain, dans tous les écrits de Dang Tran – ou de Gerin, ou du Front National – le moindre argument sérieux indiquant comment le rétablissement des monnaies nationales constituerait une avancée pour la classe ouvrière française et européenne. Par exemple, Dang Tran affirme que l’euro « favorise les délocalisations ». Mais il ne dit pas comment l’abandon de l’euro servirait à les décourager. De même, il affirme que l’euro est responsable d’une exacerbation de la « xénophobie ». Cela nous semble très difficile à démontrer, mais admettons que ce soit vrai. Peut-on en déduire que ce phénomène reculerait avec le retour du franc français ? Absolument pas. Toute l’argumentation de Dang Tran repose sur cette « méthode » fallacieuse : l’euro « facilite » la politique réactionnaire des capitalistes – et donc, par inférence, le retour du franc français serait une mesure « anti-capitaliste » !

 

Le Front National affirme qu’un retour du franc permettrait de mieux défendre les « productions nationales ». Cette idée n’a aucun fondement. Ce n’est qu’un leurre, comme tout le reste du programme du Front National. L’économie « nationale » est inextricablement liée à l’économie mondiale, et en particulier à l’économie européenne. Elle l’était déjà avant l’euro, elle l’est depuis l’introduction de l’euro et le serait même si la France abandonnait l’euro au profit du franc. Au fond, la régression sociale n’est pas le produit d’un système monétaire. Elle est la conséquence du fait que la bourgeoisie – en France comme partout en Europe – est désormais une classe totalement parasitaire, qui s’efforce par tous les moyens d’augmenter ses profits par la destruction de toutes les conquêtes les sociales du passé. Le capitalisme signifie la régression sociale permanente, quels que soient les dispositifs monétaires en vigueur.

 

En quoi le rétablissement du franc permettrait-il d’inverser la régression sociale ? Selon le FN, une monnaie nationale ouvrirait la possibilité de « dévaluations compétitives », afin de rendre les importations plus chères et donc moins compétitives, tout en donnant un avantage aux exportations françaises sur les marchés étrangers. Mais cette politique protectionniste est une impasse. Elle entraînerait une augmentation des prix sur le marché intérieur, ainsi qu’une augmentation massive de la dette publique (qui est en euros). Elle provoquerait inéluctablement des mesures de rétorsion de la part d’autres pays, et notamment de l’Allemagne, des Etats-Unis et la Chine. De manière générale, les mesures et contre-mesures protectionnistes mèneraient à une contraction du volume des échanges internationaux. Une politique protectionniste ne permettrait pas de défendre les emplois et les « productions nationales ». Au contraire, elle se traduirait par leur destruction à une échelle encore plus massive qu’à présent.

 

Clairement, le retour au franc ne résoudrait aucun problème des travailleurs. Il n’y a donc aucune raison de suivre Dang Tran et Gerin quand ils exigent que le PCF adopte ce volet du programme du Front National. Ces idées mèneraient le PCF dans une impasse. Oui, il faut « sortir » de l’Europe capitaliste. Mais un retour au franc français n’aboutirait pas à cela, ni à rien d’autre de positif du point de vue des travailleurs. La seule façon d’en finir vraiment avec l’Europe capitaliste, c’est de mobiliser les travailleurs de France et des autres pays européens autour d’un programme communiste et internationaliste.

 

La crise sociale et économique engendrée par le capitalisme est bien trop grave pour être combattue par un programme qui se limite à des mesures réformistes superficielles. Il est nécessaire de réarmer le PCF avec un programme authentiquement communiste. C’est la seule façon de lutter efficacement contre le poison du racisme et du nationalisme. Les travailleurs qui sont tentés de voter pour le Front National ne sont pas atteints de « xénophobie ». Ce terme n’est pas approprié, car cela donne l’impression que les travailleurs en question sont animés par une crainte irrationnelle des étrangers. Or, ils sont au contraire confrontés à des problèmes très concrets auxquels ils cherchent une solution. S’ils s’inquiètent de l’immigration, s’ils se laissent convaincre qu’il y a trop d’étrangers en France, c’est une expression de ce que les Communards de 1871 appelaient « la concurrence ruineuse entre les travailleurs ». Les travailleurs sont au chômage ou craignent de l’être ; ils voient comment les employeurs profitent de l’immigration pour réduire les salaires ; ils constatent la pénurie de logements, de places dans les crèches, de lits dans les hôpitaux, etc. Lénine disait que la question nationale était, au fond, « une question de pain ». Ne voyant aucun moyen d’inverser la dégradation constante de leurs conditions de vie, ne voyant pas d’alternative aux dures réalités du capitalisme, des travailleurs se disent que quand il n’y a pas assez pour tout le monde, quelqu’un mangera et quelqu’un ne mangera pas. Avec sa politique de « préférence nationale », le Front National exploite les craintes des travailleurs pour leur propre avenir et celui de leurs enfants. Il les dresse les uns contre les autres pour ne pas qu’ils voient les véritables causes de l’exploitation et de la régression sociale qui les frappent tous, indépendamment de leur nationalité ou de leur religion. Les « étrangers » sont les boucs émissaires du système capitaliste.

 

L’immense majorité des communistes rejettent sans appel les idées véhiculées par Gerin à propos des « étrangers », qui vont à l’encontre de nos traditions internationalistes. Notre but n’est pas de diviser les travailleurs, mais de les unir tous autour d’un programme qui associe la lutte pour la défense de leurs intérêts matériels – salaires, retraites, santé, éducation, logement, etc. – à des mesures qui s’attaquent à la source même du pouvoir des capitalistes, à savoir la propriété privée des banques et des grands moyens de production. Et notre but n’est pas de séparer la France capitaliste de l’Union Européenne, mais d’en finir avec le capitalisme, en France et à travers le continent.

 

Greg Oxley et Jérôme Métellus (PCF Paris)

 

[1] Dans son livre : Les Ghettos de la République

 

©2002-2010 Journal communiste :

 

 

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 08:02

                                Perspectives électorales 2012 :

Eviter de se tromper d’époque et d’élection !

Les Assises Nationales du Sénégal, de par ses «  Conclusions » et sa «  Charte de Bonne Gouvernance », ont marqué le début d’un changement d’époque, celle d’une «  Révolution Démocratique de type nouveau », que portent les perspectives électorales de 2012, comme la nuée porte la pluie.

En effet,  depuis lors,  pour les signataires de ces produits des Assises Nationales, il est révolu l’époque où un Chef de l’Exécutif élu au suffrage universel, régente notre pays, tout en étant  hors de portée de tout contrôle  durant  tout un mandat, qu’il peut, à sa guise,  renouveler  à volonté, autant de fois qu’il voudra, en manipulant les dispositions constitutionnelles en la matière.

Cette époque est caractérisée par le règne d’un « Homme fort », qui érige la patrimonialisation de l’Etat en mode de gestion de la chose publique, dans le cadre d’un régime dictatorial, qui a progressivement évolué, sous les coups de buttoir de l’opposition démocratique et républicaine, en régime despotique, qui reconnaît, certes, les libertés démocratiques à son peuple, mais  use de tous les stratagèmes pour les empêcher d’en jouir pleinement, par des entraves administratives, le recours excessif à la répression, et l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire qu’il s’est assujetti.

Désormais, ce sera un Exécutif, désigné par la majorité à l’Assemblée nationale, qui va définir la Politique de la Nation  qu’il soumet à son  approbation,  et qu’il conduit sous son contrôle  strict, avec un pouvoir de le révoquer à tout moment de la mandature par une majorité qualifiée.

C’est ce pouvoir de contrôle du peuple sur l’Exécutif par le biais de ses représentants élus au suffrage universel, que Wade a taxé récemment de « source d’instabilité gouvernementale », au moment où  le monde entier est d’accord, que « le  régime de concentration excessive du pouvoir entre ses mains,  a battu le record mondial d’instabilités  gouvernementale et institutionnelle ».

En fait, la véritable source d’instabilité gouvernementale, quelque soit le régime politique, réside dans l’entêtement de l’Exécutif à refuser de conformer sa politique aux préoccupations des citoyens portées par les élus au Parlement, s’il s’agit d’un régime parlementaire, ou par les populations , elles mêmes,  dans la   « Rue », s’il s’agit d’un régime de pouvoir personnel dans une République ou une Monarchie.

Ces mutations démocratiques qui restituent le pouvoir au peuple qui en confère l’exercice à ses représentants à l’Assemblé nationale, sont à la base du « Projet de Constitution », adopté par Benno, en accord avec la «  Plate forme Politique » des Assises Nationales.

Elles dépassent ainsi les limites de simples réformes démocratiques, dont le but est d’améliorer l’exercice  des libertés entravées par l’action du pouvoir. Elles  revêtent, en effet, les caractéristiques d’une véritable «  Révolution »  républicaine et démocratique, qui transfert le pouvoir d’Etat des mains d’un «  Homme », certes élu au suffrage universel, pour les confier à une « Assemblée d’élus du peuple » au suffrage universel.

Mais, cette Révolution Démocratique que portent  les « Conclusions », et la « Charte de Bonne Gouvernance » des Assises Nationales, va au-delà des contours d’un « régime de type Parlementaire classique », pour revêtir, les caractéristiques d’une « Révolution Démocratique et Citoyenne ».

C’est ainsi que l’Article 3 du Projet de Constitution, en son alinéa 3,  stipule  que : « le peuple dispose d’un droit d’initier un référendum, dans des conditions et sur des questions

d’intérêt  national,  déterminées par une loi organique ».

En vertu de cet article, pour la première fois dans l’histoire politique de notre pays, le peuple accède à ce droit, que détenaient, concurremment, l’Exécutif et le Législatif,  de façon exclusive.

Mais,  cette «  Révolution Démocratique et  Citoyenne » est de « type nouveau », pour avoir promu  l’élargissement des droits et libertés démocratiques aux  travailleurs dans les Entreprises et Services. 

En effet, l’Article 39 enlève toutes les entraves au libre exercice du Droit de grève, contenues à l’Article 25 de la Constitution de 2001 de Wade, tandis que l’Article 36 du Projet de Constitution, élève en norme constitutionnelle, le droit des travailleurs à « participer à la définition des conditions de leur travail », qui est déjà prévu à l’article 5 du Code du Travail de 1997.

Cette disposition de l’Article 36 généralise ainsi  ce droit, reconnu aux  travailleurs du secteur privé, à tous les autres salariés, notamment, aux Agents de la Fonction publique, parmi lesquels,  les enseignants  qui courraient, depuis les Etats Généraux de l’Education et de la Formation de 1981, derrière la « codification de la  gestion démocratique » du personnel, qu’ils avaient acquise de haute lutte. En cela, cette disposition constitue la deuxième  innovation historique majeure  que porte ce Projet de Constitution.

L’on a donc affaire à une véritable «  Révolution Démocratique, Citoyenne et participative » qui est en gestation dans la nouvelle époque, ouverte par les Assises Nationales du Sénégal.

C’est ce type de Révolution qui est au cœur de la crise  partout en Afrique.

A cet égard,  les initiateurs et organisateurs des Assises Nationales du Sénégal ont eu , depuis 2008, le mérite historique de percevoir les exigences qu’impliquent ces mutations démocratiques dans nos pays, et de dégager les voies et moyens devant permettre, à nos sociétés , d’ « accoucher »  cette « nouvelle époque », de façon la moins douloureuse possible, dans la stabilité de nos Etats, et la cohésion des peuples.

C’est pour cela,  qu’ils ont inscrit cet «  accouchement » dans les perspectives électorales de 2012, au Sénégal,  là où,  en Tunisie et en Egypte, il est entrain de se faire par la « Rue », avec l’intervention décisive des organisations syndicales dans ces pays, alors qu’en Côte d’Ivoire, il a avorté dans la guerre civile et l’intervention militaire de France,  qui ont été imposées à ce peuple meurtri par une décennie de crise politico militaire.

Les Révolutions Tunisienne et Egyptienne ont amené le Roi du Maroc à anticiper courageusement les réponses aux exigences de la nouvelle époque, en acceptant de faire évoluer sa « Monarchie absolue »  en direction d’une « Monarchie Constitutionnelle ».

Ce sont aussi ces Révolutions qui ont poussé les puissances occidentales, ragaillardies par leur succès en Côte d’Ivoire, à prendre les devants , pour imposer aux changements démocratiques , qui sont au cœur de la crise  en Afrique,  leur  vision étroite  de la « Démocratie et des Droits de l’homme », pour instaurer des régimes de « faire valoir démocratique », afin de  continuer à confisquer la souveraineté des peuples,  qui, seule,  leur permet  de préserver leurs intérêts économiques et stratégiques.

L’on assiste ainsi, sous le couvert du Conseil de Sécurité des Nations Unies, à une véritable offensive contre révolutionnaire de type colonialiste, dans les pays d’Afrique, qui est,  aujourd’hui, mise en œuvre  en Lybie par l’OTAN, à l’instigation de la France et du Royaume Uni, avec la participation décisive des Etats Unis.

C’est cette nouvelle époque, qui est grosse de cette Révolution, qui donne un caractère référendaire  à l’accouchement de la nouvelle République, comme cela est à l’ordre du jour  en Tunisie, en Egypte, ou au Maroc.

C’est  cela aussi qui confère au Sénégal,  un caractère référendaire  aux prochaines élections présidentielles de 2012, pour créer les conditions de passage de l’époque ancienne,  marquée par les régimes « présidentiels » et « présidentiels déconcentrés »,  à la nouvelle époque, afin de refonder l’Etat, devant enfanter la «  République Démocratique citoyenne et participative ».

Ce passage  est  donc une  période de transition,   qui est  le temps nécessaire pour mettre en place les nouvelles Institutions qui sont en gestation dans la crise de gouvernance qui mine le pays.

 Les élections de 2012 au Sénégal, sont donc une « modalité d’accouchement » de la nouvelle République, par la voie des urnes.

Cela  interpelle non seulement les Partis politiques de l’opposition, mais aussi et fondamentalement, les organisations de la Société civile et les Syndicats des travailleurs, du fait de la place qu’ils ont occupée dans l’organisation des Assises Nationales, et leurs participations décisives dans les travaux et dans l’élaboration des consensus.

De par ses enjeux  et la nature de ses protagonistes nationaux,  ces élections, comme en Côte d’Ivoire, intéressent la France au premier Chef, et ne laissent  indifférents, ni les Etats Unis, ni l’Union Européenne.

Elles nécessitent donc le rassemblement le plus large des partis politiques, des organisations et personnalités de la Société civile, et des Syndicats des travailleurs, pour créer un puissant mouvement, en mesure de battre le candidat du régime de Wade, dès le premier tour des élections, du fait  même de la nature référendaire de ces Présidentielles.

C’est cette exigence qui fonde l’option d’une « Candidature de Rassemblement et de l’Unité » pour conduire cette Transition, retenue au Séminaire du 28 Mai 2011 de Benno.

Cependant, ceux qui n’étaient pas à l’œuvre des Assises Nationales au moment de leur conception et de leur organisation, mais qui ont adhéré à leurs «  Conclusions » et à leur  « Charte de Bonne Gouvernance », ont encore du mal à prendre conscience, qu’avec leur adhésion, ils  acceptaient le changement d’époque en gestation dans les perspectives des élections présidentielles de 2012,  et leurs implications en termes de stratégie électorale.

C’est toute la difficulté pour ceux d’entre eux, qui rejettent  encore la Transition, comme une nécessité objective pour opérer le changement d’époque arrivé à maturité, et  la   « Candidature de Rassemblement et de l’Unité »  pour répondre au caractère référendaire de ces élections.

Ils n’ont pas encore compris, qu’avec leur signature, ils entraient de plein pied dans l’ère de la «  Révolution Démocratique » de type nouveau, qui est à l’œuvre dans tous les pays d’Afrique.

Ils sont encore nostalgiques des « régimes présidentiels ou présidentiels déconcentrés » de l’époque révolue qui ont marqué leur culture politique.

Ils sont paradoxalement, en la matière, en phase, avec le retour au  « régime présidentiel » qui accentue la concentration du pouvoir exécutif entre les mains d’un «  Homme fort », que Wade veut instaurer avec sa nouvelle réforme de la Constitution  pour l’élection du Vice Président de la République au suffrage universel, en «  ticket » avec le candidat Président.

Cette réforme, qui est un changement institutionnel par rapport au « régime présidentiel déconcentré »  actuellement en vigueur, s’inscrit dans le projet contre révolutionnaire des grandes puissances occidentales, qui, malgré la célèbre formule  d’OBAMA,  proclamant  que« l’Afrique avait besoin d’Institutions fortes et non d’Homme fort »,  n’ont pas encore renoncé à la confiscation de la souveraineté de nos peuples,  par une caste bureaucratique à leur service.

Leurs attitudes en Côte d’Ivoire et en Lybie, et leurs manœuvres en cours, pour dévoyer les Révolutions en Tunisie et en Egypte, devraient convaincre les plus sceptiques.

C’est à la lumière de cela qu’il faudrait aussi comprendre les hésitations du Roi du Maroc, dans son projet d’évolution de son régime en «  Monarchie constitutionnelle ».

Dans ces circonstances, ce serait faire preuve de naïveté politique étonnante, que de s’épuiser à échafauder des stratégies électorales de second tour aux élections présidentielles de 2012,  sans tenir en compte que, ni l’enjeu du changement d’époque qui leur confère un caractère référendaire, ni le projet à l’œuvre du pouvoir en place pour se proclamer victorieux dés le premier tour, ne donnent aucune perspective à cette stratégie de positionnement individuel au premier tour, que certains considèrent abusivement, comme une « sorte de primaire ».

Le système électoral Sénégalais,  tel qu’il va être remanié avec la réforme constitutionnelle en cours, ne permet pas de considérer le premier tour comme des «  primaires »,  du seul fait qu’il suffit  d’être majoritaire  avec plus de 25% du suffrage exprimé au premier tour, pour être déclaré vainqueur.

De sorte qu’il n’y a  aucune perspective de second tour, même s’il n’est pas formellement supprimé.

Dans ces conditions, la pluralité des candidatures crée une atmosphère de dispersion des forces de l’opposition,  préjudiciable à la construction d’un  vaste rassemblement, qui seul  permet d’obliger le pouvoir à changer le système électoral en phase avec les exigences de restauration de la République et d’une plus grande transparence de l’expression du suffrage.

Leur espoir de pouvoir, de cette manière,  se tailler une place dans les Institutions post électorales, grâce à leur poids au premier tour, est politiquement suicidaire , que cela soit dans le cas où le pouvoir réussit son hold up   à l’aide de son système électoral en vigueur, ou  dans le cas où les forces du camp de  la « Révolution Démocratique, Citoyenne et Participative » l’emportent dés le premier tour.

Avec ces nouvelles dispositions constitutionnelles, l’option de candidature multiple au premier tour ne se justifie maintenant  que par l’aveuglement dans la conviction d’avoir plus de chance d’être élu avec le système des 25%, qu’avec celui encore en vigueur de 50%.

Avec cette réforme, qui est une véritable incitation à la pluralité des candidatures, est donc un appât que Wade leur jette pour entretenir leurs illusions, qui  leur sera fatale  du fait qu’elle  permet à Wade de justifier son hold up électoral par la dispersion de l’opposition au premier.

C’est pour toutes ces considérations, que l’option d’une «  Candidature de rassemblement et d’unité », prise par le Séminaire de Benno du 28 Mai 2011, est la seule voie conforme au caractère référendaire des élections présidentielles de 2012, et est la seule réponse appropriée face à la volonté de Wade de faire gagner le candidat du pouvoir, dès le premier tour.

       

                             Fait à Dakar le 18 Juin2012

                                                          Ibrahima Séne  PIT/SENEGAL

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 08:04

En mémoire de Ludo Martens (1946-2011)

Notre camarade Ludo Martens est décédé dans la nuit du dimanche 5 juin, des suites d’une longue maladie. Ludo a été à la base de la fondation du Parti du Travail de Belgique (PTB), dont il a longtemps été président. Il était connu pour être assidu et très rigoureux: « Pas de demi-mesure. On doit placer la barre très haut, étudier et travailler avec sérieux. » Mais cela ne l’empêchait nullement de reconnaître ses erreurs. Il était toujours ouvert à toutes les expériences, sur toute la planète. Ludo Martens avait 65 ans. Il laisse derrière lui deux enfants : Amada et Jokoba.

Le Bureau du PTB

 

Fils aîné d’un fabricant de meuble, Ludo Martens a grandi dans la petite commune de Wingene, en Flandre occidentale. À l’école, il se passionne pour la langue et devient rédacteur en chef du journal pour l’ABN (Algemeen Beschaafd Nederlands, le néerlandais standard). Cet amour de la langue lui est resté dans le style qui sera le sien par la suite. Décrire des engagements, les gens et leur milieu de vie, la petite résistance populaire, les défaites, les révoltes, les petites et grandes victoires. C’est avec ce talent qu’il a rédigé plus tard en français « Abo, une femme du Congo », un livre littéraire sur la résistance à la dictature impitoyable de Mobutu. Ludo a su entraîner le lecteur dans sa propre sympathie pour une femme du peuple qui, à travers la lutte de Pierre Mulele contre la dictature, est passée à l’avant-plan de la scène politique. La Nouvelle Scène Internationale mettra plus tard le livre en scène, faisant accompagner le spectacle des percussions de Chris Joris, ami de l’amateur de jazz qu’était Ludo Martens. Écrire, c’est s’engager. En 1994, en compagnie du poète afro-américain Amiri Baraka (LeRoi Jones), il a organisé des lectures sur « l’art dans un monde qui vire à droite ». Les lectures ont abouti à un « Manifeste pour une poésie internationaliste » dont le rêve est de « lier en un contre-courant les poètes engagés du monde entier ».

Ludo, fondateur du Mouvement syndical étudiant

En 1965, le jeune étudiant Ludo Martens s’est rendu à Louvain pour étudier la médecine. C’est un engagement social. Il était bourré de talent et tant ses condisciples que les professeurs ont vu en lui un excellent médecin, plein d’avenir. Mais il en ira autrement car Ludo n’est pas l’homme à vouloir se bâtir une carrière universitaire tranquille. Il est devenu actif dans la principale organisation étudiante de l’époque, la Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond (KVHV, Union catholique flamande des étudiants du supérieur). En compagnie, entre autres, de Walter De Bock et Paul Goossens (tous deux par la suite à la base de la création du quotidien De Morgen), et de Herwig Lerouge, il a commencé à mobiliser le mouvement étudiant dans une autre direction. Contre les idées conservatrices et étriquées, Ludo Martens a su lui donner une direction progressiste, ouverte et internationaliste. Le courant progressiste grandissant se traduit dans le Studentenvakbeweging (SVB, Syndicat des étudiants). L’haïssable « Walen buiten » (Les Wallons dehors) est remplacé par « Bourgeois buiten ». C’est non seulement l’establishment catholique francophone, qui est visé, mais aussi la bourgeoisie flamande. Le caractère élitiste de l’université flamande, où l’on ne rencontre quasiment pas d’enfants de familles ouvrières, est aussi dans le collimateur.

Cette position est restée sur l’estomac du clergé, des autorités académiques et de la droite nationaliste. Tout a été mis en œuvre pour faire disparaître le groupe qui entoure Ludo du mouvement et du journal qu’il dirige, « Ons Leven » (Notre vie). Ils y arrivent finalement après la parution d’un numéro de « Ons Leven » qui dénonçait la pédophilie au sein de l’Église. À l’époque, ce sujet était tellement tabou que les autorités universitaires purent utiliser ces articles comme prétexte pour exclure Ludo de l’université.

Contre tout ce qui nous divise : contre le nationalisme et le racisme

La lutte contre le nationalisme borné dans notre pays a constitué dès ce moment un fil rouge dans l’existence de Ludo Martens. Derrière le séparatisme se cache un agenda antisocial et antisyndical dangereux, l’entendra-t-on souvent dire. Et quand d’autres partis, les uns après les autres, se sont scinds sur base linguistique, il a maintenu le PTB comme seul parti uni dont les membres de toutes les régions collaborent à la réalisation du même idéal.

Ludo Martens n’a pas seulement combattu le nationalisme étroit, mais également le racisme qui divise aussi le peuple. À l’université, il a élargi le mouvement à la question de la libération des Noirs aux États-Unis. Et, bien plus tard, après le premier « dimanche noir » de 1991 – percée électorale du Vlaams Blok –, il était un de ceux à l’initiative du mouvement pour l’égalité des droits. Avec Objectif 479 917, il a soutenu la collecte de signatures pour le droit à la nationalité belge pour les immigrés séjournant en Belgique depuis 5 ans au moins. Autant de signatures que n’en a récolté l’extrême droite aux élections. Alors que les pessimistes disaient que c’était impossible, des milliers de militants de tous horizons et de tous âges ont arpenté les rues. Ils ont finalement collecté plus d’un million de signatures. En compagnie de dix jeunes immigrées, Ludo a écrit le livre « Tien gekleurde meisjes » (Dix filles en couleurs) en tant qu’arme dans la lutte contre le racisme.

Travailleurs – étudiants : un seul front

Les rencontres de la période de Mai 68 ont influencé sa pensée et ses actes de façon décisive. À Berlin, il avait rencontré des étudiants marxistes allemands qui l’ont mis en contact avec les textes de Marx et de Lénine. C’est ainsi que Ludo a également inspiré le Syndicat des étudiants et qu’il est parvenu à ouvrir le regard des étudiants au monde du travail : Travailleurs – Étudiants : un seul front !

Ludo expliquait souvent que la véritable liberté des intellectuels consistait à comprendre comment cette société était constituée, d’où provenait l’injustice, quelles étaient les lois de l’histoire et du changement et, dès lors, comment agir ensuite. Quand les travailleurs de l’usine ABR à Louvain se sont mis en grève, les jeunes étudiants du SVB se sont déclarés solidaires de leur action. C’est toute une révolution, dans l’université de droite. Car, dix ans plus tôt à peine, les membres du KVHV avaient encore servi de troupes de choc contre les piquets de grève de 1960-1961 (contre la loi unique). Le syndicat étudiant a su renverser la vapeur et bien des mouvements de solidarité suivront, entre autres, avec les travailleurs de Ford Genk.

Après son expulsion de l’Université de Louvain, Ludo Martens s’est rendu à l’Université de Gand, où se poursuivait le mouvement étudiant. Il est devenu l’un des dirigeants de la lutte contre la censure à l’université. Le Gentse Studentenbeweging (GSB, Syndicat des étudiants de Gand) avec, entre autres, Renaat Willockx et Bob Roeck, a bien vite rallié le mouvement global pour une université démocratique et a développé une solidarité active avec les travailleurs.

La fondation d’un parti ouvrier

Ludo a pris conscience que, pour les étudiants, le choix déterminant de leur vie se posait surtout à la fin de leurs études. Quel choix d’existence ? Comment maintenir son engagement social ? Dans ce débat entre les étudiants de gauche, l’influence de Ludo Martens a été importante. Ensemble, ils ont étudié entre autres l’ouvrage « Que faire ? » de Lénine. Et plusieurs jeunes ont décidé d’aller travailler en usine. Mais, une fois dans l’usine, qu’y faire ? En janvier 1970, quelque 25 000 mineurs se sont lancés dans une grève sauvage de six semaines. Face à l’influence nationaliste de la Volksunie dans les charbonnages, a été fondé Mijnwerkerswacht, un comité de grève au sein duquel se retrouvaient de jeunes mineurs, des étudiants à la fibre sociale et des membres du Syndicat des étudiants. Kris Hertogen s’y est révélé en tant que figure de proue. À l’arrière-plan d’une grève pénible et longue, un autre débat a fait rage. Devions-nous fonder partout de nouveaux comités de grève pour en arriver à la mise sur pied d’un syndicat combatif ? Ou devions-nous tenter de traduire de façon durable en un parti ouvrier la fusion entre le mouvement ouvrier et le mouvement des étudiants engagés ? Après bien des discussions et sous l’influence de Ludo Martens, on a choisi de fonder un nouveau parti. Un parti de la classe ouvrière, et non un syndicat. Avec un journal national – qui allait devenir l’actuel Solidaire – et non pas un bulletin se contentant de coordonner simplement des expériences. « Tout le pouvoir aux ouvriers », TPO (« Alle macht aan de arbeiders », AMADA), était né. Au bout de dix années de travaux préparatoires, il sera finalement rebaptisé PTB en 1979. Un parti au service du peuple, telle est son ambition. C’est également de ce concept qu’en 1971 est née l’asbl Médecine pour le Peuple, avec Kris Merckx qui a lancé une maison médicale de soins de première ligne pratiquant la médecine gratuite dans les quartiers ouvriers de Hoboken. Le PTB compte aujourd’hui plus de 4 500 membres, il est actif dans 30 villes et dans 120 entreprises et bureaux, tant en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre. Depuis, Médecine pour le Peuple compte 11 centres de médecine de première ligne, employant 60 médecins et soignant plus de 25 000 patients. Dans son ouvrage, « Le parti de la révolution », Ludo Martens a livré l’héritage de plus de trente années d’expérience de la lutte pour la fondation d’un parti communiste ouvrier.

Assidu et à cheval sur le travail d’étude

Au sein du jeune parti, Ludo insistait sur l’étude assidue et concrète, sur base des faits. Il a mené la lutte contre le discours creux et dogmatique qu’on entend parfois. Il faut avoir l’esprit ouvert et il convient d’apprendre ce qui doit être appris, disait-il souvent. Ainsi, en 1985, il a décrit dans « Pierre Mulele ou la seconde vie de Patrice Lumumba » la vie du révolutionnaire congolais Pierre Mulele. Il a consulté de nombreux experts, même certains avec qui il différait fondamentalement d’avis. Il reprendra ce style plus tard dans son travail sur Kabila. Il a écouté pas moins de 1 500 témoins et a tout noté avec minutie, de sa minuscule écriture si typique. Ludo était assidu et très sévère. Pas de demi-mesure, chacun doit tenter de se surpasser. On doit placer la barre très haut, étudier et travailler avec sérieux. Telle était sa vision de la politique pour former des responsables du parti.

Ludo était sévère, souvent opiniâtre, mais cela ne le dérangeait nullement de reconnaître ses propres erreurs. Quand la grève des mineurs de 1971 n’a pas été reconnue par les syndicats, cela a mené le jeune parti en devenir à suivre une voie hostile aux syndicats. Mais la grève des ouvriers des chantiers navals Boel, à Tamise, a prouvé qu’il pouvait en être autrement : une délégation syndicale combative et démocratique, en front uni, bénéficie du soutien de tous les travailleurs. Cette expérience a convaincu Ludo d’aborder le débat pour changer de ligne politique. Pas d’antisyndicalisme, mais un renforcement des forces progressistes au sein même du syndicat. Il s’agit de protéger le mouvement syndical contre les attaques de la droite et de l’establishment et de tirer un enseignement des expériences et corriger les erreurs.

La contre-révolution de velours

Dans les années 1960, les jeunes fondateurs du PTB ont assisté à l’effritement progressif des principes marxistes en Union soviétique. Ils ont vu le régime s’éloigner du peuple et s’octroyer de plus en plus de privilèges. Ils ont vu la solidarité internationale s’évaporer au profit d’une politique de conciliation avec l’impérialisme. Le révisionnisme du Parti communiste de l’Union soviétique était fustigé et cela a souvent débouché sur de vifs débats avec le Parti communiste belge. Sous l’influence de la Chine, on est même allé jusqu’à prétendre que l’Union soviétique s’était irrémédiablement engagée sur la mauvaise voie et qu’elle avait adopté un comportement impérialiste. Lorsqu’au milieu des années 1980, à Moscou, le débat est lancé, Ludo n’a pas hésité à réexaminer de manière critique les idées du parti. Il a continué de critiquer le statisme du système et l’érosion des principes, mais a proposé une analyse de la réalité plus nuancée, qui ne se limitait pas à une analyse simpliste ou gauchiste. Si le capitalisme réussit à réellement s’introduire en Union soviétique, c’est une catastrophe non seulement pour les millions de personnes qui vivent à l’Est, mais aussi pour le mouvement ouvrier chez nous, disait-il. C’est là le principal constat du livre « La contre-révolution de velours », un ouvrage qui offre une analyse minutieuse de cette révolution « douce » qui s’opère à l’Est. Si dans d’autres livres et articles, Ludo a défendu les réalisations des différents pays socialistes qui, selon lui, étaient remarquables et exemplaires, il cherchait également à savoir quelles sont les causes de la dégradation qui a mené à l’effondrement du socialisme à l’Est. Ces analyses ont contribué à aider les communistes du monde entier à dresser le bilan de la première expérience en matière de construction du socialisme dans l’histoire contemporaine. Cette position se retrouve également à la base de l’organisation annuelle du Séminaire Communiste International, un événement qui, en cette époque de mondialisation, a pour objectif de contribuer à faciliter les échanges entre partis communistes et à renforcer le mouvement communiste mondial.

Travailler avec des personnes qui ont des idées différentes

Ses principes, Ludo n’y a jamais renoncé. A Louvain, il a appris à diriger un grand mouvement. Il a appris à conclure des alliances, à travailler avec des gens qui ont des idées différentes des siennes. Lorsqu’en 1986, le quotidien De Morgen se trouvait dans les difficultés jusqu’au cou, il a lancé un appel à soutenir le journal et a décidé d’engager tout le parti dans cette campagne. Même si de nombreuses personnes ne partagaient pas les opinions de Ludo, tous ont été témoins du respect dont il a fait preuve dans la coopération. Cela a également été un fil conducteur pour ses actions au sein du parti. Ne jamais fuir la discussion, toujours rester calme (une tranquillité qui fait grimper certains au plafond), mais en même temps toujours avoir des arguments et remettre en question ses idées. Une divergence d’opinion est une divergence d’opinion, rien de plus. Ludo a toujours cherché une manière d’offrir à chacun la place qui lui permet de donner le meilleur de lui-même. Il était convaincu que le fait d’être capable de travailler avec des personnes issues de milieux différents et dotées de capacités différentes a permis à notre organisation de rester unie, alors que la plupart des organisations nées après Mai 68 ont disparu au bout de quelques années en raison de tensions et conflits internes.

Lors des différents congrès du parti, Ludo Martens a toujours été réélu président. Non seulement pour ses mérites, mais aussi pour les projets et les impulsions avec lesquels il a orienté le parti. Il était un homme profondément ambitieux. Pourtant, en 1999, il a demandé à la direction du parti s’il pouvait concentrer ses activités militantes au Congo. Cela a été l’occasion de permettre à d’autres camarades de diriger le parti. Entre 1999 et 2003, le parti a été sous la direction de Nadine Rosa-Rosso, secrétaire générale. En 2004, le parti a été dirigé par la Direction Journalière composée de Baudouin Deckers, Lydie Neufcourt et Peter Mertens. En 2008, Peter Mertens est élu nouveau président du parti par le congrès.

Ce qui est sans doute moins connu, c’est que Ludo a lui-même posé la première pierre pour le renouveau du parti. En 1999, avant de partir pour le Congo, après les mauvais résultats électoraux du PTB, il a rédigé une étude considérable sur le sectarisme profondément ancré à l’époque au PTB. Selon lui, le parti devait se défaire de son attitude de donneur de leçons et du « j’ai toujours raison ». Il devait devenir un parti moderne, ouvert, sans renier ses principes. C’est le renouveau qui a été approfondi entre 2004 et 2008, aboutissant au 8e Congrès du PTB. Depuis lors, le PTB a grandi jusqu’à atteindre aujourd’hui 4 500 membres.

Congo : rendre l’Histoire à ceux qui la font

Derrière l’apparence parfois sévère de Ludo se cachait un homme toujours ouvert à toutes les expériences de toute la planète. C’est d’ailleurs dans des discussions avec les étudiants latino-américains de Louvain que Ludo et la génération de gauche d’alors ont appris à connaître la lutte de Che Guevara et les expériences de Mao Zedong dans la lutte contre le colonialisme et l’impérialisme. Cette solidarité internationale inconditionnelle, qui s’est exprimée pleinement aussi dans la solidarité avec le peuple vietnamien, était une caractéristique de Ludo. Le leader étudiant des années 1960, qui avait les capacités de se faire une carrière bourgeoise (et, parmi ses compagnons de route de Mai 68, plus d’un a fini par prendre cette voie), a fait le choix d’une vie simple. Il ne s’est pas laissé séduire par les gros salaires ou par les signes extérieurs de richesse. Son regard était à la mesure du monde, son style de vie était modeste.

Il en est de même au Congo, où il a passé depuis 1999 ses dix dernières années de vie active. En 1968, le jeune Ludo était déjà convaincu que nous avons, en tant que révolutionnaires et anticolonialistes, le devoir de soutenir la libération du peuple congolais. Le colonialisme belge a été particulièrement cruel ; il n’avait donné aux Congolais aucune possibilité de faire des études. C’est une des sources de la situation catastrophique de ce riche pays d’Afrique. Le manque de cadres a permis à Mobutu de créer dans sa période au pouvoir une couche de politiciens corrompus qui étaient toujours disposés à livrer à des entreprises occidentales les richesses de leur pays. Ludo s’est engagé dans l’aide active à la libération. Il a soutenu des Congolais qui cherchaient à sortir leur pays du marasme ; il les a aidé à retrouver confiance en eux-mêmes, à regarder avec fierté leur propre histoire, à redécouvrir le passé révolutionnaire du Congo. Il a voulu rendre l’Histoire à ceux qui la font. C’était l’objectif de ses livres sur Pierre Mulele, sur Léonie Abo et sur Laurent Désiré Kabila, dont les experts reconnaissent le sérieux et les opposants la redoutable efficacité. La maladie l’a, hélas, empêché d’achever ce travail. Maintenant, c’est malheureusement à nous de rendre l’Histoire à Ludo. Mais ses livres, les organisations qu’il a aidé à mettre sur pied et les milliers de militants qu’il a inspirés dans le monde forment une base solide pour continuer la lutte de libération.

 

Commémoration le 26 juin
La cérémonie de commémoration aura lieu le dimanche 26 juin de 11 h à 13 h à l’Auditorium du Passage 44, boulevard du Jardin Botanique, 44, 1000 Bruxelles.

 

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 16:00

 

A Robert Hue, ancien secrétaire général du PCF

 

Recevant les informations des Sénateurs du Groupe Communiste Républicain et Citoyen et du Parti de Gauche, je suis tombée sur ta question du 3 mai adressée à Alain Juppé « La Tunisie doit faire face à une situation socio-économique catastrophique. »

J’ai ensuite consulté ta fiche :

Sénateur du Val-d’Oise,

Vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées,

Infirmier

Membre du groupe d’études musiques et chanson française,

Groupes interparlementaires d’amitié,

Président du groupe France-Afrique du Sud,

Intercommunalité : Vice-président de la Communauté de communes du Parisis,

Autres fonctions

Membre de la Section française de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (A.P.F.)

Fonctions antérieures :

Député

Député européen

Conseiller régional d’ Ile-de-France

Conseiller général du Val-d’Oise

Maire de Montigny-les-Cormeilles

Je ne dirai pas bonjour camarade, car dans le fond, tu ne l'as jamais été : il n'est qu'à voir tes trahisons - pour finir candidat aux régionales de 2010 sur les listes PS - et ta réussite personnelle.

Tu as participé et précipité la chute du PCF qui est devenu, grâce à la "mutation" que tu as dirigée, un parti social-démocrate bis, un parti collaborateur de classe qui n’a plus rien à voir avec le PCF révolutionnaire, parti des résistants, de Thorez et Duclos.

Ce PCF est devenu un parti où ce qui intéresse beaucoup de dirigeants est la promotion personnelle : se faire élire maire, adjoint, conseiller général, député ou sénateur.... pour assurer ses arrières ; utiliser le clientélisme, comme beaucoup d’élus de droite ou même de gauche, et dispenser les faveurs à la population pour se faire réélire.

Tu es un homme politique aussi corrompu et méprisable que ceux (de droite ou de gauche) qui n’ont pas peur de piller les richesses produites par les travailleurs à leur avantage et au profit des entreprises privées et des plus riches de nos concitoyens.

Pendant que les retraites des travailleurs sont spoliées, toi tu pourras profiter, jusqu’à ton dernier jour, d’une retraite à “régime spécial”, celle des sénateurs, qui viendra s’ajouter à ta retraite d’infirmier et à tout ce que tu auras glané par ailleurs au cours de tes divers mandats et fonctions.

Tu es un déshonneur pour la classe ouvrière que tu as trahie !

Annette Mateu, ex adhérente du Parti Communiste

membre de l'ARC66 adhérente au PRCF (Pôle de Renaissance Communiste) http://www.prcf.fr

http://renaissance.communiste.66.over-blog.com

06 74 61 20 46

PS : « ancien secrétaire général du PCF » n’est pas cité dans tes fonctions antérieures : est-ce un oubli ?

 

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 07:53

 

L’assassinat d’Oussama Ben Laden,Une réflexion de Fidel Castro

 samedi 7 mai 2011

Ceux qui s’occupent de ce genre de questions savent que le 11 septembre 2001 notre peuple s’est solidarisé avec celui des États-Unis et lui a offert la modeste coopération en matière de santé que nous pouvions offrir aux victimes du brutal attentat contre les tours jumelles de New York.

Nous avons également tout de suite mis les pistes aériennes de notre pays à la disposition des avions nord-américains qui n’auraient pas où atterrir étant donné le chaos qui régnait durant les premières heures après l’attentat.

La position historique de la Révolution cubaine, qui s’est toujours opposée aux actions pouvant mettre en danger la vie des civiles, est bien connue.

Partisans décidés de la lutte armée contre la tyrannie de Batista, nous étions en revanche opposés par principe à tout acte terroriste pouvant provoquer la mort de personnes innocentes. Cette conduite que nous avons maintenue pendant plus d’un demi siècle nous donne le droit d’exprimer notre point de vue sur cette question délicate.

Lors d’un meeting à la Cité des sports de La Havane, j’avais exprimé ce jour-là ma conviction que jamais le problème du terrorisme international ne pourrait être résolu par la violence et la guerre.

À ce propos, cet homme fut pendant des années un ami des États-Unis, qui lui firent suivre un entraînement militaire, et un adversaire de l’URSS et du socialisme ; mais quelles que soient les actions attribuées à Ben Laden, l’assassinat d’un être humain désarmé et entouré de membres de sa famille est un acte exécrable. Et c’est apparemment ce qu’a fait le gouvernement de la nation la plus puissante qui ait jamais existé.

Le discours soigneusement préparé par Obama pour annoncer la mort de Ben Laden signale : « … et nous savons aussi que les pires images sont celles qui n’ont pas été vues par le monde entier. La chaise vide au dîner. Les enfants qui ont dû grandir sans leur mère ou leur père. Les parents qui ne pourront plus jamais tenir leurs enfants dans leurs bras. Près de 3 000 concitoyens nous ont été arrachés, nous laissant un vide terrible dans le cœur ».

Ce paragraphe laisse transparaître une vérité dramatique, mais il ne peut empêcher des milliers d’honnêtes gens de penser aux guerres injustes déclenchées par les États-Unis en Irak et en Afghanistan, aux centaines de milliers d’enfants qui ont été obligés de grandir sans leur père ou leur mère, et aux parents qui plus jamais ne pourront embrasser leurs enfants.

Des millions de citoyens ont été assassinés : en Irak, en Afghanistan, au Vietnam, au Laos, au Cambodge, à Cuba et dans de nombreux pays du monde.

Les esprits de centaines de millions de gens ont été marqués par les images horribles prises à Guantanamo, territoire occupé de Cuba, montrant des êtres humains défilant en silence et qui ont été soumis pendant des mois, voire pendant des années, à des tortures barbares insupportables ; ces personnes ont été enlevées et transportées dans des prisons secrètes avec la complicité hypocrite de sociétés soit disant « civilisées ».

Obama n’est pas en mesure d’occulter qu’Oussama Ben Laden a été exécuté devant les yeux de ses enfants et de ses épouses, aujourd’hui retenus par les autorités pakistanaises, un pays musulman de près de 200 millions d’habitants, dont les lois ont été violées, un pays outragé dans sa dignité nationale et dans ses traditions religieuses.

Comment empêchera-t-il à présent les femmes et les enfants de la personne exécutée sans jugement d’expliquer ce qui s’est passé, et les images d’être divulguées dans le monde ?

Le 8 janvier 2002, le journaliste de la CBS Dan Rather faisait remarquer à travers cette chaîne de télévision que, le 10 septembre 2001, la veille des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, Oussama Ben Laden avait été soumis à une dialyse rénale dans un hôpital militaire au Pakistan. Il n’était pas en mesure de se cacher ou de se terrer dans des grottes profondes.

L’assassiner et l’envoyer dans les profondeurs de la mer démontre la peur et le manque d’assurance, et font de lui un personnage beaucoup plus dangereux.

La propre opinion publique des États-Unis, après l’euphorie du début, finira par critiquer les méthodes qui, loin de protéger les citoyens, finiront par décupler les sentiments de haine et de vengeance contre eux.

Fidel Castro Ruz

Le 4 mai 2011, 20h 34

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 11:14

Décès d’Oussama Ben Laden

Cette nuit Ousama Ben Laden a été tué par une unité de « Navy Seal » américains.

Nous ouvrons le débat sur ce fait majeur.

Quand penser vous ?

Faut –il ou pas sans rejouir ?

Laissez votre avis (ou votre position si vous etes une organisation : syndicats, groupes politiques, associations) via les commentaires.

Pensez à vous inscrire aux newsletters pour suivre les débats, et recevoir nos mise à jour.

L’assaut a été mené à l’insu du gouvernement pakistanais, quitte à briser le mythe de la « souveraineté nationale » de ce pays. Si les Américains n’ont pas prévenu les Pakistanais, c’est parce qu’ils craignaient que l’information soit immédiatement communiquée à Ben Laden, via les services secrets pakistanais (l’ISI).

Comment se fait-il que l’homme le plus recherché au monde vivait dans une résidence fortifiée, à la périphérie d’une ville habitée par des hommes d’affaires et des officiers à la retraite ? La résidence se situe à quelques centaines de mètres de l’Académie Militaire du Pakistan, un centre d’entraînement d’élite. Le chef de l’armée pakistanaise s’y rend fréquemment lors de cérémonies diverses.

Mieux encore : la résidence se situe dans une zone militaire d’Abbottabad qui est soumise à des contrôles stricts de la part de l’armée et des services secrets. Quiconque souhaite vivre dans cette zone doit passer par toute une série de contrôles. Il est impensable que Ben Laden et ses hommes aient occupé cette résidence sans que cela soit connu de l’armée pakistanaise et des services secrets, au plus haut niveau.

Depuis des décennies, l’armée et l’Etat pakistanais manoeuvrent en Afghanistan, qu’ils veulent placer sous leur contrôle, conformément à leur théorie de la « défense en profondeur ». Ils voient l’Inde comme leur principal ennemi et se préparent à la guerre contre ce puissant voisin, qui a une population plus nombreuse, une base industrielle plus large et un territoire plus vaste. Leur idée est d’attacher l’Afghanistan au Pakistan, de sorte que dans l’éventualité d’une guerre avec l’Inde, l’Afghanistan jouerait le rôle d’immense base arrière. Cette idée est une obsession au plus haut niveau de l’armée pakistanaise – et en particulier de l’ISI.

Mais il y a d’autres intérêts en jeu, encore plus substantiels que la stratégie militaire ou le Coran. L’ISI est étroitement liée à la mafia de la drogue pakistanaise et afghane, qui brasse d’énormes quantités d’argent sale. Ces éléments criminels sont liés, à leur tour, aux Talibans et à leurs terroristes associés. A travers un vaste système de corruption et de distribution d’argent de la drogue, les tentacules de l’ISI plongent dans toutes les sphères de l’Etat et du gouvernement.

Le lieu de résidence de Ben Laden a confirmé les soupçons des Américains à l’égard de l’ISI. Le silence assourdissant des services secrets pakistanais est la preuve la plus éloquente de leur culpabilité. Ils ont protégé Ben Laden. Cela aura de sérieuses implications dans les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan. Cependant, ils restent liés comme deux frères siamois. Ce n’est pas très confortable, mais ils doivent faire avec. Les Américains ont besoin du Pakistan pour mener leur guerre en Afghanistan. Et Zardari, le président pakistanais, a besoin de Washington pour maintenir l’économie (et le gouvernement) à flot.

Les effets aux Etats-Unis

Lorsque la nouvelle a été annoncée, dimanche soir, il y avait des scènes de liesse à Washington, à New York et ailleurs. Des gens sont allés à « Ground Zero » pour exprimer leur joie. Un homme a dit : « Peut-être qu’on peut désormais se retirer d’Irak ». Sous la mince couche de ferveur patriotique, ces mots indiquent un mécontentement sous-jacent à l’égard des aventures militaires américaines – et une soif de paix.

Obama a félicité les « héros » qui ont mené l’opération et appelé les membres du Congrès à faire preuve du « même sens d’unité qui a prévalu après le 11 septembre ». Mais c’est un vœu pieux. La société américaine n’a jamais été aussi divisée depuis la Guerre Civile. A court terme, Obama va récolter les fruits de cet assassinat. Cela pourrait contribuer à sa réélection. Mais ce n’est même pas certain. L’euphorie suscitée par la mort de Ben Laden retombera, pas les effets de la crise économique.

L’euphorie de ces derniers jours n’a pas de base solide. La situation explosive, à l’échelle mondiale, n’a pas été créee par Ben Laden et Al-Qaïda. Au contraire, ils en étaient une expression. La mort d’un homme ne changera rien de fondamental. Au contraire, cela fera naître un désir de vengeance qui débouchera sur de nouveaux attentats terroristes.

Obama a déclaré que la mort de Ben Landen faisait du monde un lieu plus sûr. Mais dans le même discours, il a affirmé que les risques d’attentats terroristes n’étaient pas éliminés. La sécurité a été renforcée dans les ambassades et les aéroports, par crainte de représailles. Les Etats-Unis ont fermé leur ambassade et leurs consulats au Pakistan. En réalité, le monde est un lieu plus dangereux qu’il y a trois jours.

La vraie signification d’Al-Qaida

Dans la poursuite de ses objectifs, l’impérialisme a toujours besoin de créer un monstre, un sinistre ennemi qu’il diabolise et dont il exagère les crimes, pour justifier ses propres crimes plus monstrueux. Par le passé, il y a eu le « Péril Jaune », puis le « Péril Rouge », et plus récemment Al-Qaïda et les Talibans. Les noms changent mais la fonction reste la même.

Depuis dix ans, les médias ont systématiquement construit l’image d’un Monstre nommé Al-Qaïda, censé être une organisation internationale ultra-centralisée, disciplinée et dévouée à la destruction de la civilisation occidentale. En réalité, Al-Qaïda a toujours été une petite organisation dotée d’une audience marginale dans le monde islamique. Dans les faits, il s’agit d’une myriade de petits groupes, dans différents pays, dont chacun poursuit ses propres objectifs. Quant à Ben Laden, son activité se réduisait depuis longtemps à l’enregistrement occasionnel de mauvaises vidéos.

Tout ce dont les impérialistes avaient besoin, dans leur lutte contre Al-Qaïda, c’est de la méthode des « frappes chirurgicales » – autrement dit, de bonnes informations et une intervention armée sélective et limitée. Il n’était pas nécessaire d’envoyer de grandes quantités de soldats et de tanks pour envahir des pays, comme les Américains l’ont fait. Dans la lutte contre le terrorisme, cette tactique est complètement contre-productive. En se comportant comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, l’impérialisme américain a énormément aidé les terroristes.

L’impérialisme américain fut le meilleur allié de Ben Laden et d’Al-Qaïda. L’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan a donné une grande impulsion au recrutement de jeunes Musulmans par les forces du terrorisme. Mais la vague révolutionnaire qui balaye le monde arabe a ruiné le mythe d’Al-Qaïda. En Tunisie, en Egypte et ailleurs, des millions de travailleurs, de jeunes et de paysans ont montré comment mener une lutte sérieuse contre l’impérialisme et ses agents locaux. Et malgré la propagande mensongère des impérialistes, les fondamentalistes n’ont joué aucun rôle significatif dans ces magnifiques mouvements de masse.

Le terrorisme d’Etat est beaucoup plus meurtrier que n’importe quel groupe terroriste. Ce sont les Etats qui déclarent la guerre, qui larguent des bombes sur Hiroshima et Nagasaki, qui construisent des camps de concentration tels que Guantanamo, qui manipulent l’opinion publique à travers leurs médias. Ce sont les Etats qui saignent les budgets de la santé, de l’éducation et des retraites – tout en donnant des milliards aux banquiers. Nous ne verserons pas une larme sur le sort du terroriste réactionnaire dont les mains étaient entachées du sang de milliers de personnes. Mais nous condamnons encore plus fermement les crimes de l’impérialisme, qui est responsable de beaucoup plus d’atrocités que Ben Laden et ses fidèles.

Le terrorisme individuel repose sur l’idée que de petits groupes d’hommes armés et déterminés peuvent renverser l’ordre établi. C’est une illusion. L’Etat a suffisamment de ressources pour détruire n’importe quel petit groupe armé. Les dégâts provoqués par des attentats terroristes sont superficiels. En fait, les attentats ne font que renforcer les régimes en place, en leur donnant l’excuse dont ils ont besoin pour contre-attaquer à une vaste échelle. C’est ce qu’ont clairement montré les événements qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001. En réalité, l’action révolutionnaire des masses est la seule force qui puisse changer la situation en profondeur. Les révolutions en Egypte, en Tunisie et dans l’ensemble du monde arabe en sont la preuve la plus éclatante.

Alan Woods publier par «  La Riposte »

 

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 16:08

Réflexions du compañero Fidel

 

LE DEFILE DU CINQUANTIEME ANNIVERSAIRE

 

 

J’ai eu le privilège de regarder le défilé impressionnant par lequel notre peuple a fêté le cinquantième anniversaire du jour où la Révolution s’est dite socialiste et de la victoire de Playa Girón.

 

Le Sixième Congrès du Parti communiste de Cuba s’est ouvert ce même jour.

 

J’ai beaucoup apprécié les commentaires détaillés, la musique, les gestes, les visages, l’intelligence, la martialité et la combativité de notre peuple ; Mabelita, sur sa chaise roulante et le visage heureux, et les enfants et adolescents de La Colmenita, multipliés plusieurs fois.

 

Il vaut la peine d’avoir vécu pour voir le spectacle d’aujourd’hui, et il vaut la peine de toujours rappeler ceux qui sont morts pour le rendre possible.

 

À l’ouverture du Sixième Congrès, dans l’après-midi, j’ai pu constater dans les mots de Raúl et sur les visages des délégués à la plus importante réunion de notre parti le même sentiment d’orgueil.

 

J’aurais pu être sur la place peut-être une heure sous le soleil et dans la chaleur, mais pas trois. Attrapé par la chaleur humaine, j’aurais été face à un dilemme.

 

J’ai ressenti de la douleur, croyez-moi, quand j’ai vu que certains de vous me cherchaient du regard à la tribune. Je pensais que tout le monde comprendrait que je ne peux plus faire ce que j’ai fait tant de fois.

 

Je vous ai promis d’être un soldat des idées, et ce devoir, je peux le remplir encore.

 

Fidel Castro Ruz

Le 16 avril 2011

19 h 14

 

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 16:05

Réflexions du compañero Fidel

 

LES DÉBATS DU CONGRÈS

 

Ce dimanche, à dix heures du matin, j’ai suivi les débats des délégués au Sixième Congrès du parti.

 

Les commissions étaient si nombreuses que, bien entendu, je n’ai pas pu écouter tous ceux qui ont pris la parole.

 

Cinq commissions pour discuter de nombreux points. J’ai profité moi aussi des pauses pour respirer calmement et consommer des aliments énergétiques d’origine agricole. Eux, sûrement d’un meilleur appétit du fait de leur travail et de leur âge.

 

Je m’étonne de la formation de cette nouvelle génération, de sa culture si élevée, si différente de celle qui s’alphabétisait justement en 1961 quand les bombardiers yankees aux mains de mercenaires attaquaient la patrie. La plupart des délégués au Congrès du parti étaient alors des enfants, voire n’étaient pas nés.

 

Ce n’était pas tant ce qu’ils disaient que leur façon de le dire qui m’importait. Ils sont si bien préparés et ils ont un vocabulaire si riche que, parfois, je ne les comprenais pas. Ils discutent chaque mot, et jusqu’à la présence ou l’absence d’une virgule, d’un paragraphe.

 

Leur tâche est encore plus difficile que celle que notre génération a assumée quand le socialisme a été proclamé à Cuba, à cent cinquante kilomètres des États-Unis.

 

Aussi, la persistance dans les principes révolutionnaires est-elle, de mon point de vue, le legs principal que nous puissions leur laisser. Il n’y a pas de marge d’erreur à ce moment de l’histoire humaine. Nul ne doit ignorer cette réalité.

 

La direction du parti doit être la somme des meilleurs talents politiques de notre peuple, capable de contrecarrer la politique de l’Empire qui met l’espèce humaine en danger et qui engendre des gangsters comme ceux de l’OTAN, capables de lancer en vingt-neuf jours seulement, depuis l’inglorieuse « Aube de l’Odyssée », plus de quatre mille missions de bombardement sur une nation africaine.

 

Le devoir de la nouvelle génération d’hommes et de femmes révolutionnaire est d’être des modèles de dirigeants modestes, studieux, défenseurs inlassables du socialisme. C’est là assurément un défi difficile à relever, à notre époque barbare des sociétés de consommation, que de dépasser le système de production capitaliste qui fomente et stimule les instincts égoïstes de l’être humain.

 

La nouvelle génération est appelée à rectifier et à changer sans hésitation tout ce qui doit être rectifiée et changé, et à continuer de prouver que le socialisme est aussi l’art de l’impossible : avoir édifié et mené à bien la Révolution des petites gens, par les petites gens et pour les petites gens, et l’avoir défendue durant un demi-siècle contre la nation la plus puissante qui ait jamais existé.

 

Fidel Castro Ruz

Le 17 avril 2011

20 h 33

 

 

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