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20 janvier 2009 2 20 /01 /janvier /2009 17:08

Temps nouveaux à Cuba par Ignacio Ramonet (2)

 

 

Le socialisme cubain est en train d’évoluer. Le fera-t-il à la manière de la Chine ou du Vietnam ? Ces deux pays constituent des exemples que les dirigeants cubains ont étudiés de près et qui figurent parmi leurs sources d’inspiration. Mais leur modèle – qui a favorisé le creusement des inégalités - est brutalement mis à mal par l’actuelle crise économique. C’est pourquoi Cuba poursuivra sa propre voie. Les nouvelles autorités vont continuer d’introduire des changements à l’échelon économique, mais il est peu probable que nous assistions à une « Perestroïka cubaine », à l’adoption d’un « communisme néolibéral », ou à une « ouverture politique », ou à des élections multipartites. Les autorités demeurent convaincues que ce type de "transition" rouvrirait la voie à une mainmise américaine et à une forme plus ou moins déguisée d’annexion. Elles considèrent que le socialisme est le bon choix même s’il doit être perfectionné. A court et à moyen terme, leur préoccupation principale est de maintenir l’unité de la société.

 

La tâche principale qui attend les héritiers de Fidel Castro est de relever l’éternel défi des relations avec les Etats Unis. C’est un dossier déterminant. A plusieurs reprises, Raúl Castro a annoncé publiquement qu’il était prêt à s’asseoir à une table de négociations pour discuter avec Washington l’ensemble du contentieux entre les deux pays [5].

 

Et c’est probablement des Etats-Unis que pourrait venir le signe politique le plus important. Le nouveau président, Barack Obama, avait déjà plaidé, en 2003, en tant que candidat au Sénat, pour lever l’embargo et réclamé l’adoucissement des restrictions à voyager et à l’envoi de fonds à Cuba. Durant sa campagne électorale, il a annoncé son intention de discuter avec tous les pays considérés comme « ennemis » ou « adversaires » de l’Amérique. Entre autres, avec Cuba. Le 22 février 2008, il avait déjà réclamé une nécessaire "transition" aux Etats-Unis, du moins sur cette question, en déclarant que s’il y a des signes d’un changement dans l’île, "les Etats-Unis doivent être préparés pour avancer vers la normalisation des relations et adoucir l’embargo". Ce serait une révolution copernicienne dans la politique extérieure des Etats-Unis depuis 1961. La nouvelle Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, osera-t-elle la mettre en œuvre ?

 

Même si un changement radical n’est pas probable à La Havane, l’élection d’Obama modifie l’atmosphère des relations cubano-américaines. Certes, M. Fidel Castro a suggéré de modérer les attentes : « Ce serait fort naïf de croire que les bonnes intentions d’une personne intelligente pourraient changer ce que des siècles d’intérêts et d’égoïsme ont créé. L’histoire humaine montre que ce n’est pas ainsi. » Mais les choses peuvent changer si Barack Obama décidait de mettre un terme à l’ embargo commercial unilatéral imposé à Cuba depuis presque cinquante ans. Ce qui d’ailleurs correspond à l’actuelle volonté des Cubains installés aux Etats-Unis puisque, selon une enquête de l’Université Internationale de la Floride, 65% des Cubano-Américains sont favorables à un dialogue avec La Havane. Une atmosphère nouvelle qui a d’ailleurs permis à Barack Obama de l’emporter en Floride le 4 novembre 2008.

 

Le départ de George W. Bush va conduire Washington – échaudé par les désastreuses leçons de l’Irak et du Moyen-Orient – à un réexamen de sa politique étrangère, et sans doute à se réinvestir en Amérique latine.

 

Les Etats-Unis vont alors découvrir une situation différente de celle qu’ils avaient façonnée dans les années 1960-1990. Cuba n’est plus seule. Dans le domaine de la politique étrangère, les autorités de La Havane sont désormais convaincues qu’elles doivent entretenir de bonnes relations avec toutes les nations, quelle que soit la nature de leurs régimes ou leurs orientations politiques. Les Cubains ont particulièrement renforcé leurs liens, on l’a vu, avec l’ensemble des Etats latino-américains. Pour la première fois, La Havane y a de nombreux amis au pouvoir, principalement au Venezuela, mais aussi au Brésil, en Argentine, en Uruguay, au Nicaragua, au Panama, en Haïti, en Equateur, en Bolivie et au Paraguay. Cuba a intensifié en particulier ses échanges avec les pays de l’organisation économique et politique ALBA (Alternative bolivarienne pour les peuples de notre Amérique), a signé des accords de partenariat économique avec les Etats du Mercosur et, lors du récent Sommet de Sauípe (Brésil), le 17 décembre 2008, a été admise au sein de la nouvelle Organisation des Etats d’Amérique du Sud et des Caraïbes.

 

Il apparaît donc de l’intérêt de Washington de redéfinir ses relations avec l’hémisphère latino-américain. Relations qui ne pourront plus être de nature néocoloniale. Et qui seront sans douté précisées par le Président Barack Obama le 17 avril prochain à Port-of-Spain (Trinidad-et-Tobago) lors du Sommet des Amériques.

 

Notes

[1]  La Ventana, site d’information de la Casa de las Américas : http://laventana.casa.cult.cu/

 

[2]  El País, Madrid, 28 décembre 2008.

 

[3]  Público, Madrid, 29 déciembre 2008.

 

[4]  Juventud Rebelde, La Havane, 3 janvier 2009.

 

[5]  Lire, par exemple, l’entretien avec Sean Penn : « Conversations with Chávez and Castro », The Nation, New York, 15 décembre 2008.

 

 

 

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